Si vous pratiquez la sophrologie, vous vous êtes certainement senti mieux au fil des séances avec une sensation de bien-être, un apaisement émotionnel, un stress amoindri, une amélioration de votre concentration, une diminution de vos douleurs…
Comment ça marche? Que dit la science?
A ce jour, peu d’études scientifiques se sont portées sur la sophrologie en tant que méthode globale incluant un ensemble de techniques méditatives avec notamment des exercices de respiration, de relaxation, de focalisation de l’attention sur le corps et sur le moment présent, de pleine conscience des sensations corporelles, de prise de recul sur les pensées et émotions.
Cependant, les sciences, et en première ligne les neurosciences, s’intéressent de plus en plus à ces différentes techniques de relaxation et de méditation – que l’on utilise en sophrologie.
Ces premières recherches nous permettent de mieux comprendre l’activité cérébrale lors de ces pratiques, ainsi que leurs bienfaits sur le cerveau et la santé.
Que fait notre cerveau lorsque l’on médite ?
Wendy Hasenkamp a observé à l’IRM que lorsque l’on médite, c’est-à-dire quand on s’exerce à maintenir notre attention focalisée sur quelque-chose, quatre phases cognitives se mettent en place1 :
- Une phase de vagabondage mental lorsque nos pensées ne sont pas encore canalisées
- Une prise de conscience du vagabondage : on se rend compte que notre attention est dispersée
- Un déplacement de l’attention sur l’objet de concentration
- Une focalisation de l’attention, sans pensée parasites
Ces quatre séquences stimulent des régions différentes du cerveau. La chercheuse explique que la répétition de ce cycle pendant la pratique déclenche une sensation de bien-être.
Bienfaits sur notre cerveau
Au-delà de cette observation à l’imagerie, les neurosciences ont découvert plusieurs bénéfices de la méditation sur le cerveau.
Une meilleure concentration
Antoine Lutz, premier chercheur français à avoir mené des travaux d’imagerie sur les cerveaux des moines bouddhistes à partir de 20012, observe qu’une pratique régulière de méditation améliore les capacités de concentration. Le cerveau apprend en cas de perturbation (pensées parasites, émotions…), à « à réaffecter ses ressources attentionnelles et à ne pas se laisser distraire. »
Le cerveau se transforme…
Différentes aires cérébrales se transforment progressivement chez les méditants réguliers. Le tissu cérébral du cortex préfrontal gauche, qui intervient dans les processus cognitifs, émotionnels et l’apparition du sentiment de bien-être s’épaissit3. L’hippocampe impliqué dans la mémorisation grossit, tandis que l’amygdale qui joue un rôle dans le déclenchement de la peur et de l’anxiété réduit4.
…vieillit moins vite…
Avec l’âge, la matière grise décline. Mais cette perte du volume cérébral est plus lente chez les méditants5 : l’exercice cérébral de focalisation de l’attention stimule la création de matière grise, compensant la perte due à l’âge.
Par ailleurs, la réduction du stress, néfaste aux neurones, agit positivement dans leur maintien en « bonne santé ».
…et apprend à amoindrir le ressenti de la douleur
Les sensations corporelles naissent dans le cortex somato-sensoriel, en fonction des informations sensitives envoyées par le thalamus, sous forme d’ondes alpha.
Orienter son attention sur un endroit du corps fait baisser le niveau d’ondes alpha dans la partie correspondante du cortex, ce qui augmente les sensations de cette zone, et diminue la perception des autres parties du corps6.
Ainsi quand on se concentre sur une partie du corps, on atténue les sensations du reste du corps, même s’il s’agit de zones douloureuses.
Le Dr Fadel Zeidan a démontré que seulement quatre séances de vingt minutes de méditation et de relaxation permettaient de réduire le ressenti de la douleur7.
Bienfaits sur notre santé
L’idée d’utiliser la méditation à des fins médicales remonte aux années 70, avec les travaux du biologiste Jon Kabat-Zinn8 qui « emprunte » et laïcise des pratiques bouddhistes. Il s’en inspire pour créer un programme de réduction du stress basé sur la relaxation, la méditation et la pleine conscience. Il développe ensuite une variante pour prévenir la rechute de la dépression.
Ses essais ont prouvé l’efficacité de ses programmes dans la prévention du stress et de la rechute de la dépression. Ils sont aujourd’hui utilisés dans près de 200 hôpitaux américains et au centre hospitalier de Sainte-Anne à Paris depuis plus de dix ans.
Une étude plus récente explique cette efficacité au niveau biologique : la focalisation de l’attention sur le moment présent et sur l’expérience sensorielle, fait baisser le taux de cortisol, hormone du stress9.
D’autres recherches prouvent aussi l’impact positif des pratiques de relaxation sur les affections liées au stress comme les rhumatismes, les maladies inflammatoires et intestinales10.
Enfin, un lien entre méditation et renforcement de l’immunité a également été mis en évidence11, et de nombreuses études ont conclu à l’intérêt de la relaxation et de la respiration lente pour la santé cardio-vasculaire12 .
Forts de ces premières découvertes, des chercheurs de différents domaines scientifiques – psychologie, sciences médicales, psychiatrie, neurosciences, immunologie… – se sont fédérés pour donner naissance à un nouveau champs de recherches, les « sciences contemplatives », afin d’approfondir ces études. Nous devrions donc en apprendre encore plus prochainement!